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À quoi s'attendre en 2021? 

Économie, politique américaine et vaccination

Présenté en collaboration avec 

Après une année 2020 marquée par de nombreux évènements sans précédent, 2021 s’ouvre sur de nombreuses incertitudes pour les entrepreneurs. Quels sont les différents scénarios de reprise économique à venir? Quels sont les impacts des campagnes de vaccination ou de l’élection américaine sur l’environnement d’affaires canadien et québécois? Deux experts du Mouvement Desjardins ont répondu à ces questions lors de l'Atelier D du 24 février 2021. 

Est-ce que l’économie mondiale sera la principale victime de la pandémie?

Avant d’être un problème économique, la pandémie est un problème de santé publique. Au moment d’écrire ces lignes, la COVID-19 a entraîné plus de 2,5 millions de morts. Ce sont les principales victimes de la pandémie.

La pandémie a évidemment eu et continuera d’avoir des conséquences économiques graves. Le nombre de sans-emploi a grimpé partout et de nombreuses entreprises ont dû cesser temporairement ou définitivement leurs activités. Les échanges commerciaux mondiaux ont chuté pour ensuite se relever graduellement. Les effets de la pandémie sur l’économie sont indéniables. Les perspectives économiques restent grandement tributaires de son évolution ainsi que de la progression de la campagne de vaccination et de l’efficacité des vaccins (notamment avec les différents variants). De plus, la pandémie a entraîné d’importants changements structurels. Certains secteurs d’activité subiront des séquelles à long terme, tandis que d’autres ont été avantagés. Cela nécessitera une réallocation des ressources, qui ne se fera pas sans heurts.

Où serons-nous en 2023? Grand retour à la normale? En récession mondiale?

Nos prévisions de moyen terme tablent sur un certain retour à la normale. Alors que l’année 2020 a été marquée par une diminution importante de la production due à la pandémie et aux mesures pour la combattre, les années 2021 et 2022 seront caractérisées par un rebond de l’activité économique alors que le secteur des services reprendra graduellement le terrain perdu pendant la pandémie. Pour 2023, la croissance devrait toujours être présente, mais à un rythme plus normal, soit proche de ce que l’on appelle le potentiel de croissance. On devrait y voir un début de resserrement des politiques monétaires.

Il est normal en temps de crise d’observer un certain repli économique vers la production locale. Même avant la pandémie, on sentait un certain plafonnement de la croissance des échanges commerciaux, notamment à cause de la politique protectionniste de l’administration Trump. On prévoit que le commerce mondial recommencera à croître à mesure que l’économie, et notamment le tourisme, reprendra de la vigueur. Cela dit, on ne prévoit pas de nouvel élan protectionniste, mais il est possible que l’engouement pour de nouveaux accords commerciaux visant à libéraliser davantage les échanges soit plutôt faible.

Le décret de Joe Biden renforçant le Buy American Act aura-t-il des impacts au Canada et au Québec?

Il faut se rappeler que la part des exportations canadiennes qui sont achetées directement par le gouvernement fédéral américain est minime, soit seulement 0,2 %. La révision de ces achats par l’administration Biden ne devrait donc pas être très problématique pour l’économie canadienne. Toutefois, il est possible que certaines industries/entreprises soient davantage touchées. La situation est plus décevante si l’on tient compte que l’administration Biden a l’intention de proposer une accélération des dépenses fédérales en infrastructures (notamment en lien avec la lutte au changement climatique) et que les entreprises d’ici pourraient moins en profiter.

Est-ce que la consommation va s'accélérer après la pandémie pour compenser les restrictions auxquelles nous nous sommes habitués ou, à l'inverse, les gens ont appris à vivre avec moins, à diminuer ou changer le rythme de leur consommation?

La pandémie a entraîné d’importants soubresauts au sein des dépenses de consommation des ménages. Une proportion assez grande des dépenses a rapidement récupéré le terrain perdu pendant le confinement, en particulier du côté des biens. Les habitudes des consommateurs ont aussi été chamboulées alors que le commerce en ligne a connu un essor considérable. Cela dit, la récupération sera plus ardue pour certaines dépenses, comme les loisirs, le tourisme et la restauration. D’importants ajustements seront nécessaires dans ces secteurs au cours des prochaines années et cela fait partie des changements structurels que devront surmonter les économies du Canada et du Québec.

Il y a un grand potentiel pour une accélération importante de la consommation après la pandémie. Les supports gouvernementaux aux revenus des ménages pendant la crise et la fermeture forcée de plusieurs secteurs a entraîné une forte hausse des taux d’épargne et aussi une demande refoulée. À mesure que l’économie rouvre, on s’attend à ce que les taux d’épargne diminuent, mais notre scénario de base n’anticipe pas de grand décaissement de l’épargne déjà accumulée. Une telle éventualité engendrerait cependant une plus forte croissance de la consommation, de la croissance économique et aussi de l’inflation.

Quelles industries seront les plus affectées négativement ou positivement par ces changements?

De façon générale, les secteurs impactés négativement sont le tourisme, l’aérospatiale, le transport aérien, les industries culturelles et créatives, la restauration et l’hébergement. Les services financiers, les TIC, le transport/logistique de marchandises, le e-commerce, les SVTS (Sciences de la Vie et Technologies de la Santé) ou encore la transformation/distribution alimentaire sont des industries impactées positivement par la crise sanitaire.

Après la pandémie, peut-on avoir une vision des changements économiques structurels : les nouveaux secteurs, les secteurs qui vont revenir, les secteurs qui vont décliner et ceux qui vont disparaître?

La COVID agit comme un accélérateur des transformations. Par conséquent, tous les secteurs ayant accumulé un certain retard dans leur transformation numérique et/ou dans la réduction de la prise en compte des enjeux ESG pourraient à voir à lutter davantage. Au-delà de la consolidation des secteurs les plus fragilisés, le rebond des secteurs tels que le tourisme, le transport aérien, l’aérospatiale sera certainement plus long. Pour les industries dépendantes des échanges internationaux, la résilience des chaînes d’approvisionnement passera par un renforcement des opérations logistiques et un accroissement de la pénétration du numérique dans les processus.

Quel est l’impact sur les très petites entreprises et les travailleurs autonomes?

Les conséquences de la crise sanitaire sur les TPE/TA sont corrélées au secteur dans lesquels ils évoluent. Ces derniers peuvent s’appuyer sur les différents programmes de soutien gouvernementaux pour traverser cette période, mais devront assurément s’appuyer sur une gestion financière éclairée et l’anticipation des tendances structurelles (numérisation, transition écologique, télétravail, etc.).

Quel est l'avenir pour l'immobilier commercial?

Les projections diffèrent entre les classes d’actifs observés. En effet, les projets d’immobiliers industriels devront intégrer la flexibilité des espaces que requiert l’intégration des nouveaux modes de production, et s’assurer que les stratégies de localisation privilégient les surfaces de moyennes tailles ceinturant les centres urbains.  L’immobilier des bureaux devrait faire face aux enjeux de flexibilité et de durée des contrats de location qui pourraient se raccourcir. L’optimisation et la reconversion des surfaces remettront probablement en question les stratégies de densification des espaces disponibles post COVID. L’immobilier lié aux activités de commerce de détail sera fortement impacté par la crise sanitaire. Les espaces commerciaux devront répondre aux enjeux du développement du commerce en ligne et au modèle de vente omnicanal (transformation des espaces en points de collecte, conversions en centres d’accès sur les services, réaménagement pour faire place à des logements résidentiels).

 

En savoir plus sur les prévisions des études économiques de Desjardins.

Auteurs : 

  • Francis Généreux, économiste principal à la vice-présidence Études économiques au Mouvement Desjardins
  • Yassine Laafar, conseiller principal en stratégies d’affaires au sein de la vice-présidence Stratégie & Marketing de Desjardins Entreprises