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Gérer la croissance, un passage obligé pour Charles Desjardins

Crédits photo : Absolunet
Charles Desjardins Absolunet

Détenteur d'un  M.Sc. en commerce international de HEC Montréal, Charles Desjardins, partenaire chez Absolunet, se destinait à une carrière dans la finance, comme son père banquier de métier. Mais les résultats de tests psychométriques réalisés avant d'avoir un poste lui ont prouvé qu'il n'était pas à la bonne place. «Ç'a été un choc pour moi, confie-t-il. J'ai consulté mon entourage et les gens m'ont dit que j'étais un gars d'action.» Pourtant, pendant ses études, il avait lancé sa première entreprise, qui fut un échec, mais, affirme-t-il, il est toujours bon de vivre des échecs.

Alors qu'il avait Absolunet comme client, Martin Thibault, l'un des trois fondateurs de l'entreprise de commerce électronique qui développe des boutiques en ligne, l'approche pour lui proposer de se joindre à l'équipe pour assurer le développement des ventes et pérenniser les relations avec les clients. C'était en 2003 et Charles Desjardins savait très bien qu'il voulait aller plus loin dans la boîte en pleine croissance. En 2005, l'entreprise installée à Boisbriand ouvre un bureau à Montréal et il devient actionnaire, avec Martin Thibault et Daniel Labrie, et prend la casquette de vice-président.  Aujourd'hui, l'entreprise compte 130 employés, possède, outre ses bureaux de Boisbriand et Montréal, une division américaine à Kansas City, ouverte en juin 2016. «Cette dernière, qui compte pour le moment deux employés, vise à bâtir les opérations aux États-Unis et livrer là-bas des solutions d'ici, explique Charles Desjardins. Les ventes l’année dernière représentaient 10 % du volume d’affaires. C’est en voie de passer à 20 %-30 % cette année.»

Cette installation aux États-Unis découle d'un simple calcul mathématique. Dans le domaine des TIC, il existe une pression à la hausse sur les salaires. Absolunet vend des heures de travail et peut se trouver dépassée par la course des salaires. «Aux États-Unis, les services sont davantage valorisés, précise Charles Desjardins. Sans égard à la devise, en dollars, les taux horaires sont nettement plus importants.» Ouvrir un bureau à Kansas City représente son lot de défis et, en premier lieu, celui de gérer les projets à distance. Absolunet a industrialisé ses processus pour que ce soit possible.

Pour qu'un partenariat fonctionne, il faut respecter deux conditions. D'abord, partager les mêmes valeurs. «C'est un élément clé, avance Charles Desjardins.  Car, dès qu'il y a des secousses dans l'entreprise, tu peux te déchirer. Pour mes associés et moi, la famille demeure prioritaire, nous ne faisons pas ça pour l'argent.  Ensuite, il faut être complémentaire et respecter l'expertise des autres, leur territoire. Martin se charge des finances et des ressources humaines, moi du marketing, des ventes et de la direction des comptes et Daniel de la technologie et de la production. Nous n'avons jamais eu de conflits en 15 ans et ça se sent dans l'entreprise.»

Absolunet se trouve en pleine période de croissance. D'ailleurs, en 2016, l'entreprise a connu une croissance significative de 71 %.  Pour atteindre cette croissance, il faut trouver ce que le vice-président appelle le «sweet spot», à savoir un positionnement fort, distinctif et toujours garder le focus. «Ç'a l'air simple, reconnaît-il. Pourtant, c'est difficile, car il existe toujours des opportunités qui t'amènent à dévier de ton parcours. Dans une croissance, il faut prendre en compte les gens. Nous sommes devenus experts en réorganisation de bureaux!  Lorsqu'une entreprise se trouve en croissance, elle embarque dans un tourbillon et il ne faut pas se perdre comme individu. Le plus difficile à travers tout ça, c'est que tu ne fais plus ce que tu aimes, il faut apprendre à déléguer. Même si tu n'en tires plus la même satisfaction, il faut que tu l'acceptes. En tout cas, moi je trouve cela difficile, car j'aime avoir les mains dedans. Mais il en va de ma famille, de ma santé.»

Il y a un an et demi, Charles Desjardins n'avait même pas de directeur de compte ni de responsable du marketing, seulement une personne qui l'aidait au quotidien. Aujourd'hui, sept personnes relèvent de lui.  Cela change son quotidien : celui qui était habitué à faire doit aujourd'hui diriger.  Mais la croissance affecte aussi la culture de l'entreprise.  «J'aime être proche des gens, confie-t-il. Quand le groupe s'agrandit, il se crée une distance avec les patrons. Aujourd'hui, ce n'est plus le cas chez nous, mais nous avons dû travailler fort. J'essaie d'expliquer que je ne suis pas là pour être le boss, mais, pour les employés, c'est dur à comprendre. J'essaie d'avoir une structure plate, avec une seule couche de gestion intermédiaire.»

Pour Charles Desjardins, la création de la richesse passe nécessairement par le développement d'entreprises. Aujourd'hui, estime-t-il, la culture a changé, les jeunes prennent davantage de risques et ils ont habitué à travailler en équipe. «Un bon entrepreneur doit savoir saisir les opportunités», conclut-il.

Auteure : Sophie Bernard