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La santé mentale des chefs d’entreprises

Constats, causes, solutions et mon opinion!

Imaginez! Vous faites du financement pour entreprise et, constatant un taux de perte élevé sur vos prêts dans votre réseau national, dans toutes les régions quelque soit le secteur d’activité, vous faites un tour de table pour comprendre. Quel problème ont toutes ces entreprises? Réponse : Ce n’est pas un problème d’entreprises, mais un problème d’entrepreneurs. Les emprunteurs en difficulté sont épuisés. Ben voyons donc!

Vous comprendrez que j’ai accueilli avec un grand intérêt cette nouvelle étude de la RJCCQ publiée ce mois-ci. Cette étude est l’une des premières réalisées sur la santé mentale des dirigeants d’entreprise. Je me permets de vous la résumer et de souligner certains éléments à ne pas négliger, car votre santé, messieurs et mesdames les entrepreneurs, devrait avoir priorité sur votre succès en affaires. J’ai toujours dit : chefs en santé, entreprises en santé!

La santé mentale :

  • 71,5% des dirigeants affirment vivre des moments de détresse psychologique
  • 11,1% des dirigeants sont actuellement en situation de dépression modérée
  • 6,6% des dirigeants sont en situation de dépression sévère

Les dirigeants d’entreprises sont plus affectés par la dépression en comparaison avec la population adulte. Ce sont en effet 17,7% d’entre eux qui en souffrent, contre 12,1% dans la population en général.

Les causes de dépression :

  • Trop de d’heures travaillées – 50 heures par semaine et plus (43,5%)
  • Pas suffisamment de vacances – 2 semaines ou moins (69%)
  • 5 premières années d’une entreprise sont très exigeantes
  • Conciliation travail-famille difficile

Les solutions à considérer selon le RJCCQ :

  • Briser l’isolement
  • Avoir un mentor avec qui partager ses préoccupations
  • Visiter plus fréquemment des professionnels de la santé, notamment du soutien psychologique

Mon commentaire éditorial!

L’entrepreneuriat, ça nous habite 24 heures sur 24. La passion et le plaisir de créer et de performer, c’est tout simplement grisant. Je sais de quoi je parle. Je me suis retrouvée bien trop souvent un samedi soir assise à mon bureau en pensant que le monde allait cesser de tourner si je ne finissais pas tel ou tel mandat.

Peu d’entrepreneurs se donnent le droit de ne rien faire de temps en temps. À moins d’être capable de mettre la switch à on et off systématiquement, il est important de pouvoir ralentir nos pensées, notre créativité, notre machine à résoudre tous ces problèmes que personne ne réglera si nous ne le faisons pas…

L’entrepreneuriat use la tête, mais use aussi le corps. Dans le feux de l’action, c’est sous l’adrénaline que tout se conjugue. Et plus souvent qu’autrement, ça marche… Cette étude témoigne du danger qui guette tous les entrepreneurs trop investis dans leur entreprise : développer des problèmes de santé mentale. On pourrait d’ailleurs effectuer une étude sur les problèmes de cœur chez les chefs et je suis à peu près certaine que la problématique serait la même.

C’est sans compter les bobos physiques (mal de dos, mal de cou, mal de tête, alouette!), qui sont des conséquences du stress permanent que l’on s’inflige. Un jour, quelqu’un m’a dit : «En mode survie, sous une forte dose d’adrénaline, tu ne ressens rien. Ton corps canalise ses ressources pour te sortir de là. Pas le temps d’avoir mal. Mais si tu arrêtes, tu vas constater des ecchymoses, des égratignures et d’autres blessures insoupçonnées…».  Avec une taux de survie d’entreprise de 35% après 5 ans, on peut faire le lien assez facilement entre l’état de survie et la détérioration de l’état de santé.

J’ai l’impression que, malheureusement, ces 17,7% des chefs d’entreprise affectés par la maladie mentale ne se sont pas permis de prendre le temps de s’arrêter. Ces 69% des dirigeants qui ne prennent pas plus de deux semaines de vacances… sont également à risque élevé. Et ceux qui cumulent des semaines de plus de 50 heures aussi!

Quels mécanismes mettez-vous en place pour vous obliger à ralentir?

Pour consulter l’étude : ICI

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Cet article est une collaboration de Nathaly Riverin (Rouge Canari).