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Noémie Dupuy, entrepreneure de passion

Noémie Dupuy Budge Studios

Lorsque nous sommes allés rencontrer Noemie Dupuy, cofondatrice et co-PDG de Budge Studios, il n'y avait ni le numéro du local, ni le nom de l'entreprise sur la porte. 

Il faut dire que l'éditeur de jeux vidéo pour enfants venait tout juste de déménager rue de Gaspé dans le Mile-End.  Les ordinateurs étaient déjà branchés un jour après le déménagement et les 100 employés déjà à l'œuvre.  En une heure en compagnie de la jeune femme dynamique, souriante, nous avons compris pourquoi Budge est devenu le numéro 2 mondial dans le milieu de l'édition d'applications pour les enfants.

Après son DEC en administration au Collège Jean-de-Brébeuf, Noemie Dupuy s'inscrit en finance à HEC Montréal. Très vite, elle se rend compte qu'elle n'est pas dans son élément et veut travailler dans un domaine artistique. Elle entre en 1998 chez Ubisoft, qui venait tout juste d'ouvrir ses portes à Montréal.  Elle y reste presque trois ans. «À 27 ans, après quelques années à travailler pour les autres, j'ai compris que je voulais me lancer en affaires, que je ne voulais pas travailler pour quelqu'un, et, je l'espère, que je ne le referai plus», raconte-t-elle. Par hasard, elle rencontre deux gars qui viennent de terminer leurs études en communication, David Lipes et Michael Elman. Ils voulaient lancer une entreprise en audio pour le Web, elle favorisait le milieu du jeu vidéo. En avril 2001, ils fondent Wave Generation. «Nous ne nous connaissions pas! En deux semaines, nous avons monté notre plan d'affaires et lancé Wave», dit-elle en souriant.

«Dix ans plus tard, nous nous sommes dit que, ok, nous avions une belle entreprise, mais nous avions l'impression de stagner. Nous étions jeunes, nous avions plein d'énergie et nous avions beaucoup appris. Le timing semblait parfait : nous aimions les jeux vidéo et nous étions tous les trois fans de la marque Apple.»  Mère de deux jeunes enfants, elle a remarqué que ses filles aimaient jouer avec des écrans tactiles. La jeune femme est allée voir deux ou trois personnes – «J'adore demander des conseils», glisse-t-elle – et l'une d'elles lui propose de lancer ce studio comme elle le ferait d'un projet, sans abandonner Wave.  «Nous avons embauché un ingénieur et une artiste, mettant l'argent de notre propre poche.  Nous savions que nous voulions une grosse licence et nous avons fait une liste de nos personnages préférés pour enfant.  Dora s'est retrouvée en haut de la liste.» Près de sept ans plus tard, l'entreprise compte 100 employés et a développé 40 applications jeunesse qui ont été téléchargées 300 millions de fois.

Nommée entrepreneure québécoise de l'année en 2014, Noemie Dupuy croit que sa réussite, et celle de son entreprise, tient de sa curiosité, plusieurs choses l'intéressent. «C'est dans mon caractère, avance-t-elle. Je ne veux pas dire que mon travail est mon bébé. Pas que je suis fainéante, mais j'ai une famille, deux enfants qui ont aujourd'hui 7 et 8 ans, cela prend de la place dans la vie!  Je veux que ma vie extérieure fonctionne avec ma famille. Je n'ai pas de voiture, je vis à deux rues de mon bureau, mes enfants vont à l'école cinq rues plus loin. Je crois qu'il s'agit de choix sains.»

L'amitié tient une part importante dans sa vie, ses amis l'inspirent, tout comme les voyages.  D'ailleurs, au moment où nous l'avons rencontré, elle se préparait pour l'événement Google Zeitgeist qui rassemble, chaque année, des dirigeants de partout à travers la planète dans une multitude de domaines, dont l'aérospatial ou l'automobile et qui viennent y discuter de l'avenir des technologies.  «Je n'y vais pas pour faire du réseautage, mais pour ouvrir mon esprit et rencontrer des gens, explique-t-elle. Et, avant, je vais faire un road-trip avec mon conjoint de Las Vegas à Phoenix.  Tout part du plaisir. Tous les vendredis, je vais manger le midi avec mon père de 80 ans. J'aime voir mes nièces.  Le bonheur est partout!  Chez Budge aussi.»

Au-delà de la conscience sociale, Noemie Dupuy et ses deux associés veulent offrir un environnement de travail dans lequel les employés se sentent bien. À ses yeux, il faut savoir s'affirmer, apprendre à dire à un client qu'il ne peut pas l'appeler le soir à la maison, parce qu'elle mange avec sa famille.  Pour le reste, il s'agit de bien planifier les projets depuis le début, pour éviter les heures supplémentaires.  Lorsqu'il y a des dépassements de délai, l'équipe réfléchit à ce qui les a causés et fait en sorte que cela n'arrive plus.  La recette de ce succès réside aussi dans le fait que les dirigeants de Budge responsabilisent leur équipe énorme et qu'elle aime ça. Tous les lundis, à 11 h 30, tous les employés sont convoqués à un «town hall meeting » de 15 minutes lors duquel les trois dirigeants présentent, pendant cinq minutes chacun, un élément de l'entreprise, que ce soit d'où vient le nom de l'entreprise ou un nouveau client. «Ce que nous disons, nous le disons à tout le monde», conclut-elle.