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Questionner, partager son expérience, transmettre son savoir?

Auteur: Pierre Chagnon, mentor (Mentorat Chaudière-Appalaches) membre du comité perfectionnement de SAGE et formateur au Réseau M.

On devient mentor avec l’intention de faire bénéficier nos mentorés de nos connaissances et de nos expériences acquises pendant plusieurs années. Mais comment le faire et comment être le plus efficace? Est-ce en questionnant? En partageant nos expériences? En transmettant nos connaissances? Et à quelle dose pour chacun?

Questionner

L’objectif du mentor est d’amener son mentoré à des prises de conscience, à réfléchir, et à faire des découvertes. Son principal outil pour y parvenir, c’est le questionnement. On est donc loin de l’enseignement.

Puisque le temps de parole du mentor est limité durant une rencontre mentorale, il doit donc concentrer la majorité de ce temps à poser des questions. C’est l’expérience du mentor combiné aux connaissances acquises au fil des années qui lui permettent de poser les bonnes questions afin de faire découvrir au mentoré ce qui lui manque, pour le guider vers des pistes d'apprentissage, pour faire des prises de conscience. Questionner est donc le principal rôle du mentor.

Qu’en est-il du partage de ses expériences et de la transmission de ses connaissances?

Il faut être prudent puisqu’il y a un certain danger à partager ses expériences ou à transmettre ses connaissances. Trop partager, c'est comme trop enseigner et ce n'est pas notre rôle.

Partage d’expériences

On dit qu'il y a trois règles de base au partage d'expériences :

  1. Partager ce qui est pertinent
  2. Partager en petites doses
  3. Partager seulement après (à la fin de) l'exploration

Le partage d’expérience ne consiste pas à se raconter, ça pourrait par exemple, être un partage de nos émotions vécues dans une situation similaire ou de partager le chemin qu’on a pris pour résoudre quelque chose de similaire à ce que mon mentoré vit actuellement. L'objectif est de réconforter le mentoré, de l’encourager, ou de valider son idée. C’est réconfortant pour le mentoré de savoir que quelqu'un d'autre a vécu quelque chose de similaire à ce qu'il vit actuellement.

Le risque, c'est de le faire au mauvais moment et de façon trop détaillée (trop long). Il faut garder en tête que nos questions ont pour objectifs d'amener le mentoré à réfléchir, à explorer et à découvrir. En ce sens, le partage d'expérience doit obligatoirement se faire après la fin de l'exploration, autrement, l'exploration risque de s’arrêter et on aura l'effet inverse de ce qu'on souhaitait au départ.

Je cite un de mes collègues mentor : «Il faut se méfier du plaisir d’ÉTALER SES CONNAISSANCES OU DE PRÉSENTER SES EXPÉRIENCES. Ce ne sont pas nos connaissances et nos expériences qui sont dangereuses, mais la manière de les transmettre et de les partager.»

Aussi, le partage doit être très bref (pas ou peu de détails) et pertinent (semblable à ce que vit le mentoré). À titre d’exemple, je pourrais dire à mon mentoré (après l’exploration) :  «J’ai vécu quelque chose de similaire, tout comme toi, ça m’a mis en colère et dans mon cas, la colère n’a pas été bonne conseillère.» Afin de limiter les dérapages ou les abus, on propose de limiter notre partage d’expérience à deux ou trois minutes par rencontre.

Transmission de connaissances

Le piège est identique concernant la transmission de connaissances. On a tendance à étaler notre savoir, à enseigner, à vouloir montrer. Nous ne sommes pas des professeurs et notre rôle n’est pas d’enseigner.

Concernant la transmission de notre savoir, je dirais que les mêmes règles s’appliquent.

  1. Transmettre ce qui est pertinent
  2. Transmettre de façon brève et précise
  3. Transmettre seulement après (à la fin de) l'exploration.

L’objectif visé est de déclencher chez le mentoré, un désir d’acquérir des connaissances concernant le sujet discuté, de l’amener à prendre conscience des conséquences de ne pas savoir. On peut lui transmettre une information pertinente, un concept, lui suggérer une formation, ou lui partager une lecture que nous avons considéré intéressante pour notre mentoré. Le rôle du mentor est de faire prendre conscience au mentoré des connaissances à acquérir plutôt que de lui enseigner.

À titre d’exemple, je pourrais dire à mon mentoré qui se questionne sur le fonctionnement d’un réseau de distribution : «Un contrat de distribution est basé sur 3 éléments : il faut un territoire, une durée et un quota» et ensuite, l’inviter à certaines lectures. On propose de limiter la durée de la transmission de connaissances à quelques minutes par rencontre.

En conclusion

Le rôle principal du mentor est de questionner. Cependant, notre plaisir de se raconter ou d’enseigner nous tend régulièrement des pièges. Il faut donc être vigilant. Une bonne façon de se contrôler consiste à analyser notre temps de parole pendant une rencontre.

Ne pas dépasser 25% du temps de la rencontre

  • 20% pour questionner.
  • 5% pour partager nos expériences et transmettre nos connaissances.

Ainsi, on évite de tomber dans le piège facile de se raconter ou d’enseigner.