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Le numérique change les modèles d’affaires

Marie-Hélène Demers, Simon De Baene, Francis Bissonnette, Nikolaj Van Omme Crédits photos : Sylviane Robini

La transformation numérique de la société, surtout avec l’implantation rapide de l’intelligence artificielle (IA), bouleverse les processus et les modèles d’affaires. C’est tout un apprentissage pour les entrepreneurs et leurs organisations.

C’est ce qui est ressorti du panel « Naviguer dans l’ère numérique: repenser son modèle d’affaires grâce aux nouvelles technologies » dans le cadre du RDV Réseau Mentorat 2023 et où il fut essentiellement question de l’impact de l’IA dans notre quotidien.

« On se demande ce que fait l’IA dans nos entreprises et dans la société. Elle résout des problèmes », tranche Nikolaj Van Omme, PDG de Funartech.

Ce dernier ajoute que, surtout, l’IA analyse des processus et répond à nos questions. Et qu’il y a différents types d’IA, mais les trois catégories principales sont l’IA diagnostique, l’IA prédictive et l’IA prescriptive, cette dernière étant dans l’action, au cœur des organisations. C’est elle qui bouleverse les façons de faire.

Concrètement, qu’est-ce que l’IA permet de réaliser? « Apprendre mieux, cibler plus efficacement le marketing, optimiser la logistique en production industrielle, notamment pour réduire la pollution », cite en exemple M. Van Omme, selon qui l’IA vit une véritable renaissance en accéléré, puisqu’elle fut introduite juste après la Deuxième Guerre mondiale.

« Il y a des phases pessimistes et optimistes, ajoute-t-il. Aujourd’hui, nous traversons une période assez exubérante et l’IA va définitivement rester dans la société. »

Virage sociétal

Quand Simon De Baene a testé ChatGPT à son lancement, il y a un an, ça l’a soufflé. Le cofondateur et PDG de Workleap (anciennement Gsoft) constate que, depuis, l’IA est devenue une course technologique qui enthousiasme beaucoup de monde. Workleap est également de la partie.

« Certains clients nous en demandent, d’autres ne savent pas ce que c’est, commente-t-il. Chez nous, on a toujours misé sur la simplicité: il faut que ce soit facile d’accès pour les clients. L’IA représente, à mes yeux, une autre façon d’utiliser les outils qu’on offre déjà à nos clients. C’est très clair qu’on vit une période excitante. »

Certains croient que l’IA va tout briser sur son passage. Il faut en débattre, car ce n’est pas si simple. D’autant plus que les entreprises confrontées à l’IA craignent avant tout pour la sécurité mondiale. « Moi, je n’ai pas peur sur ce plan, repends M. De Baene. Le véritable problème de sécurité concerne plutôt les données des entreprises. C’est notre priorité et il y a encore beaucoup de travail à faire sur ce plan dans la société. »

Marie-Hélène Demers, vice-présidente exécutive AFI par Edgenda s’inquiète aussi de la protection des données et, aussi, de la propriété intellectuelle. Pour Nikolaj Van Omme, cette question est un prérequis de tous les projets sur lesquels il travaille. Simon De Baene insiste: la sécurité est à la base de toute firme œuvrant en technologie et constitue un défi pour les PME, qu’elles soient fournisseuses ou clientes.

Apprentissage

Les entreprises sont donc en apprentissage accéléré avec l’IA. M. de Baene y va d’un avertissement: « On a vu des employés utiliser les données de leur employeur et les mettre dans ChatGPT. Ces données, elles sont désormais dans les mains d’OpenIA. C’est inacceptable. Il faut être conscients des limites de ces nouvelles technologies. »

Lorsque Chat GPT a fait son apparition, Francis Bissonnette, président fondateur de Batimatech a réalisé que l’IA venait de se démocratiser. Et qu’elle pouvait être adaptée aux besoins d’entreprises comme la sienne, qui œuvrent dans un domaine très concret: la construction.

« Les solutions que nous développons font appel à des données fines et à l’intelligence d’affaires, dit-il. Elles permettent de gérer toutes les étapes d’un projet, de la planification de démolition à la construction d’un nouvel édifice. Je constate que l’IA est à la portée de toutes les entreprises qui ont des besoins comme les nôtres. »

Aspects humains

L’IA n’est pas qu’un phénomène commercial. Il faut aussi tenir compte des aspects humains quand on implante une nouvelle technologie. Marie-Hélène Demers donne l’exemple des recettes à gâteaux Betty Crocker dans les années 1950: on n’avait qu’à mettre de l’eau, brasser et faire cuire. Ça n’a pas marché jusqu’à ce que l’on doive ajouter un œuf et battre le mélange. Ce fut alors un succès, parce que les cuisinières ne pouvaient pas croire qu’une solution si simple pouvait donner un résultat intéressant. »

Elle ajoute que les banques en ligne font face aux mêmes contraintes. Par exemple, si c’est un humain plutôt qu’un courriel qui annonce une bonne nouvelle à un client, comme l’approbation d’un prêt, la banque obtient davantage de références de clients potentiels.

« On ne doit jamais oublier que les émotions humaines ont toujours un impact profond dans les processus d’affaires », ajoute-t-elle.

Nikolaj Van Omme refuse même des projets qui écartent l’élément humain. Il raconte avoir travaillé plus d’un an sur un projet impliquant des livreurs, où il a fallu intégrer leurs expériences pour que ça fonctionne.

Pour Simon De Baene, les entrepreneurs achètent un produit, pas l’IA derrière. Ils espèrent surtout que ce produit va régler un problème. Par contre, il estime que les entreprises qui n’intègrent pas dès maintenant des technologies d’IA dans leurs environnements ne pourront bientôt plus suivre la parade.

Transformations

L’IA bouscule des habitudes. On l’utilise parce qu’on espère gagner du temps, mais on finit surtout par travailler différemment, estiment les panélistes.

L’IA remplacera-t-elle les humains, comme le craignent certains? C’est déjà commencé, révèle M. Van Omme, pour qui ce n’est pas une mauvaise chose, puisqu’elle offre de déplacer les talents dans des domaines à valeur ajoutée. Il prédit que l’intelligence de l’IA dépassera bientôt celle des humains. « Les optimistes prédisent que ce sera fait dans une décennie; on verra », comment-e-il.

Cette prédiction n’ébranle nullement Marie-Hélène Demers, qui considère que le véritable pouvoir des entrepreneurs, c’est leur imagination. L’IA, en un sens, est défavorisée face à la créativité humaine. Elle préfère maintenir une posture critique, un certain détachement.

D’autant plus que, selon Nikolaj Van Omme, 85% des projets en IA échouent. Nombre d’entre eux exposent des biais méthodologiques et culturels, qui en fragilisent leur pertinence. Mais ceux qui marchent optimisent entre 20% et 40% les processus d’affaires. Francis Bissonnette réplique qu’un projet IA doit avant tout coller à des besoins concrets pour qu’il soit couronné de succès.

« Tout va si vite dans ce domaine! » ont conclu les conférenciers, qui étaient soit des mentors, soit des mentorés au sein du Réseau Mentorat.

Une collaboration de Stéphane Desjardins

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