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Le danger d'une position hiérarchique face à son mentoré

 

Auteur : Patrick Bèche, mentor, Sage Mentorat d'affaires

 

 

 

Tout dernièrement, j’ai débuté une nouvelle dyade et quelle fut ma surprise de constater l’impact que peut avoir notre titre de mentor, notre expérience, notre âge, etc., sur le mentoré.

Quand je me suis présenté, j’avais l’impression que mon nouveau mentoré buvait mes paroles et comme j’ai une grande expérience dans le domaine des ressources humaines, j’avais aussi l’impression qu’il me voyait comme un sauveur étant donné qu’il m’a exprimé vivre diverses problématiques au niveau de la gestion de ses employés.

Sans entrer dans le contenu de ses problèmes, voulant avant tout prendre contact avec ce nouveau mentoré, connaître mieux son entreprise, ses valeurs, ses enjeux, ses défis, nous avons quand même convenu que la gestion de ses ressources pourra être un des premiers sujets que nous discuterons.

Quand j’ai quitté la rencontre, je me sentais valorisé. J’allais pouvoir travailler sur des problématiques qui, de façon générale j'étais à l’aise de traiter avec une certaine agilité mais delà à dire quoi faire à ce nouveau mentoré, c’est autre chose.  Du coup, j’allais être en mesure de travailler ma crédibilité envers ce dernier, de me sentir, non pas indispensable mais utile et important.

Le retour en voiture m’a permis de réfléchir à la discussion et de visualiser le piège dans lequel je pouvais me placer.  Je repensais au rôle du mentor, moi qui venait de suivre l’atelier perfectionnement Comment devenir un meilleur mentor du Réseau M, et je me suis dit : "Attention!".

Peu de temps après, dans le cadre d’une rencontre du comité satisfaction des mentors et des mentorés dont je fais partie, j’ai discuté avec un des participants de la situation.  Ce dernier me fit voir qu’il y avait un risque que je tienne une position haute qui pourrait se traduire par un ou des comportements suivants :

  • Se sentir plus important que le mentoré;
  • Avoir la solution;
  • Le vouvoiement;
  • Raconter nos expériences extraordinaires;
  • Faire voir son très gros réseau de contact;
  • Parler beaucoup plus que le mentoré;
  • Diriger la conversation;
  • Prendre le crédit de ses bons coups.

Donc, de conserver une position hiérarchique sur mon mentoré, de lui dire quoi faire, de parler plus qu’écouter.

En m’informant plus sur le sujet, je découvris que dans le cadre du sondage tenu dernièrement par la permanence, un mentoré sur cinq (1/5) mentionne que leur mentor conserve une position hiérarchique et un type d’autorité plus directif sur eux… Surprenant n’est-ce pas?!

Nous, mentors, qui ne cessons de nous répéter que notre rôle est de faire cheminer notre mentoré, de le questionner, de l’amener à trouver ses propres solutions, à l’accompagner, etc. Oups! Ce n'est pas si évident, somme toute!

Mais pourquoi en est-il ainsi?  Probablement, différentes raisons peuvent expliquer cette réalité, ne serait-ce que notre titre de mentor qui, pour certains, peut, à prime abord, impressionner. Il y a probablement aussi :

  • Nos facteurs individuels
  • Notre passé
  • Notre expérience
  • Notre insécurité
  • Etc

Il en demeure pas moins qu’il est facile de tomber dans le piège et qu’il faut être sur ses gardes.

Étant co-chef mentor à ce moment, je me questionne sur comment je vais aborder la prochaine rencontre avec un nouveau mentor de notre cellule. Je pense qu’avant tout, je vais le questionner sur ce qu’il comprend du rôle d’un mentor. Je vais surement aborder le piège que le mentoré pourrait nous percevoir trop important.