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Ce pernicieux syndrome de l'imposteur

Le connaître, pour mieux le surmonter!

Certains le surmontent, sans jamais le faire disparaître totalement... D'autres ont appris à composer avec sa présence, tant bien que mal... Ceux et celles d'entre vous qui ont accédé à un poste de gestion ou à des responsabilités plus importantes au sein de votre organisation avez peut-être déjà ressenti ce désagréable sentiment de ne pas être à sa place ou de ne pas mériter cette promotion... Pour ces nouveaux gestionnaires en poste, ce n'est souvent qu'une question de temps, croient-ils, avant que quelqu'un, dans leur entourage professionnel, ne découvre la supercherie et ne jette à la face de tous et chacun leur incompétence, une fois les masques tombés. Voilà, résumés à gros traits, des manifestations certaines de ce qu'il est convenu d'appeler le syndrome de l'imposteur.

Pour le réputé professeur et psychiatre Manfred F. R. Kets de Vries, un tel syndrome ne peut se comprendre qu'à la lumière de l'enfance des personnes qui en sont atteintes et qui en souffrent (lire son article « The Danger of Feeling Like a Fake », Harvard Business Review, septembre 2005). De fait, les personnes issues de familles dysfonctionnelles (où par exemple l'importance est placée sur la réussite professionnelle et sociale) ou de milieux socio-économiques défavorisés (où les attentes sont très peu élevées en matière de réussite) sont plus sujettes à être assaillies par le syndrome de l'imposteur. Autre trait marquant de ces personnes : ce sont généralement des perfectionnistes à la puissance 10. En se fixant des standards et des objectifs trop élevés, ces « imposteurs » se dirigent évidemment vers l'échec, ce qui ne fait que confirmer à leurs yeux le fait qu'ils ne méritent pas la confiance qu'on leur témoigne.

Cette perception que les « imposteurs » ont d'eux-mêmes peut mener à bien d'autres comportements tout aussi néfastes. Ces personnes, devant les succès qu'elles rencontrent (mais qu'elles assument très mal), peuvent en arriver à élaborer des stratégies de sortie, telles que la dépréciation, la procrastination, le repli sur soi ou même, dans certains cas extrêmes, au sabordage de leurs propres efforts. Comme s'ils voulaient à tout prix être « découvertes », ces femmes et ces hommes peuvent, devant l'anxiété et l'incertitude élevées ainsi générées, précipiter les événements par des « actes manqués » qui ne feront qu'accentuer leur chute.

Accepter un poste de gestion demande d'abord et avant tout une sérieuse introspection qui doit porter sur nos motivations profondes à accepter, ou non, ledit poste. Les blessures d'enfance qui sont à l'origine du syndrome de l'imposteur ne se fermeront pas d'elles-mêmes. Mais à défaut de pouvoir tout régler dans l'immédiat, la coach Gill Corkindale (lire son article « Overcoming Imposter Syndrome », sur le site Internet de la Harvard Business Review), suggère...

  • D'être alerte lorsque les manifestations du syndrome de l'imposteur se pointent. Vous pourrez ainsi mieux en comprendre l'origine;
  • De se « recadrer » en se disant, par exemple, qu'il est normal de ne pas tout savoir et de tout bien faire du premier coup, ou en se convainquant, à juste titre, que les échecs sont des occasions d'apprentissage;
  • D'en parler à des collègues. Le partage et l'empathie manifestée par d'autres pourront atténuer un tant soit peu la souffrance. Une aide thérapeutique peut également permettre de surmonter ce syndrome;
  • D'être indulgent à l'égard de soi-même. Nous pardonnons aisément l'?erreur chez les autres, mais si peu pour soi-même!
  • Garder le cap sur l'objectif à atteindre.

Comme le souligne avec brio Manfred Kets de Vries dans l'article ci-haut mentionné: « To some extent, of course, we are all impostors ». Que celui qui n'a jamais douté de lui-même lance la première pierre! Mais tous ne sont pas victimes du syndrome de l'imposteur, et certains, même s'ils doutent, ont réussi à surmonter ce malaise. Avez-vous déjà ressenti une telle chose? Quels ont été les moyens, les trucs, les astuces que vous avez déployés afin de le surmonter? Laissez-le nous savoir, dans la boîte de commentaires, au bas de la présente page!

 

Cet article de François Normandin est une gracieuseté de la Revue Gestion.