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Entrevue avec Sébastien Moquin, Raccoon Skis

Sébastien Moquin Raccoon Skis

Sébastien Moquin veut faire de Raccoon Skis une marque privée

Après des études en technique mécanique au Cégep de St-Jean-sur-Richelieu, Sébastien Moquin travaille dans le domaine pendant dix ans, à titre de chargé de projet chez NAP GLADU, une entreprise de coupe et d'aiguisage d'outils.  Grand amateur de ski, mais aussi de vélo – il a participé à plusieurs courses au Québec, s'illustrant aux Mardis cyclistes de Lachine en 2003, 2005 et 2006 –, il relève le défi que lui propose son ami Jonathan Bourgeois : créer une gamme de skis fabriquée au Québec.  En janvier 2010, les deux compères lancent officiellement Raccoon Skis, une entreprise qui ancre son identité dans celle du Québec et de ses forêts.

Avant Raccoon Skis (www.raccoonskis.com), Sébastien Moquin avait déjà tenté une première aventure d'entrepreneuriat, en rachetant de son fondateur et propriétaire Cycles Régis, une boutique de vélo dans Outremont.  Ce passionné de vélo y a vu une belle occasion de se lancer en affaires.  «Si on regarde mon parcours, j'ai d'abord embarqué dans le système, car j'étais ouvert à ce que mes parents faisaient, raconte-t-il.  Puis, quand j'ai goûté à l’entrepreneuriat, j'ai mieux aimé ma vie.  Raccoon Skis est un projet complet, pour lequel je ne compte plus les heures.  Mes deux parents sont fonctionnaires, ils ont un fonds de pension.  J'ai voulu prendre davantage de risques.»  Il est vrai qu'il lui arrive de travailler le soir de chez lui, histoire de passer du temps avec son petit garçon de 5 ans.

Lorsqu'il a acquis Cycles Régis, Sébastien Moquin a compris les défis d'être patron d'une entreprise.  Avant, il se trouvait dans le rôle du consommateur, or le consommateur veut marchander, le vendeur doit satisfaire le client tout en répondant à ses besoins d'affaires.  De là s'établit la relation de confiance.  Par contre, il n'encourage pas aveuglément les jeunes à lancer leur propre entreprise, sachant qu'il y a beaucoup d'échecs.  C'est dur de partir une entreprise reconnaît-il.  D'ailleurs, il n'a pas fondé Raccoon Skis tout seul, il peut compter sur trois autres partenaires, dont l'humoriste Martin Matte, tous ayant une expérience en entreprise.  «J'ai dit à Jonathan de prendre le salaire, j'avais déjà ma boutique de vélo.  Carl Grenier a investi, nous permettant de continuer notre activité pour une deuxième année.  Martin Matte a trouvé le projet intéressant, toutefois, il est investisseur et non porte-parole.  Il a une bonne notoriété, mais il n'a jamais fait de publicité pour Raccoon Skis.  Par contre, il compte 800 000 amis Facebook.»

Avec sa gamme de skis fabriqués au Québec, Raccoon veut se démarquer des grandes marques comme Rossignol.  Les quatre partenaires veulent créer une marque de niche et se rendre à 10 000 paires de skis annuellement, l'idée étant de produire une quantité limitée de skis exclusifs.  «Quand on va à Sutton, tout le monde possède les mêmes marques, comme pour les vélos, remarque Sébastien Moquin.  Nous n'avons pas encore la technologie pour fabriquer des skis révolutionnaires, mais nous faisons notre place par certains gestes, comme planter un arbre à chaque paire de skis vendue.»

Quand on lui demande quels ont été les bons coups de Raccoon, il répond sans hésiter : «Il faut embarquer l'équipe, c'est important.  Chacun arrive avec son point de vue.  Nous avons également fait beaucoup de marketing, ce qui a suscité de la demande, toutefois, notre produit n'était pas encore là.  Nous avons dépensé en publicité, entre autres avec un gros panneau sur l'autoroute 15.  Nous avons trouvé une façon de sauver du temps en semant des graines.  Dans les moins bons coups, nous avons lancé une gamme de produits dérivés trop rapidement.  Et nous avons eu tort d'essayer de faire du commerce en ligne sur notre site Web, nous avons jeté 12 000 $ dans une bouche d'égout.  Il faut se concentrer sur la vente, mettre les skis sur les pistes.  Après, on verra pour les produits dérivés.»

Pour le moment, Raccoon, qui s'implante tranquillement au Québec, commence à s'attaquer au reste du Canada.  L'entreprise bromontoise a également un représentant en France et travaille sur le marché américain.  La fabrication des skis se fait en sous-traitance, dans le Bas-du-Fleuve.  Pour se faire connaître, l'entreprise se rend dans une dizaine de stations de ski avec une roulotte pendant les fins de semaine de la saison de ski et les clients potentiels peuvent faire deux descentes gratuitement.  «Pour le moment, nous vendons uniquement chez les détaillants, mais comme les skis se vendent de 700 à 800 $ la paire, nous avons choisi des magasins de niche.  Actuellement, nous vendons environ 500 paires par année.  Nous voulons, à l'instar de la Veuve Cliquot ou de Volvo, créer un label privé, avec un produit de haute qualité.»  Raccoon prépare d'ailleurs une nouvelle ligne de skis de poudreuse, plus larges et plus longs.